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Préface de Dominique Kern
Postface de Stéphane Allaire
Depuis plusieurs décennies, les enseignants à l’université ont dû faire face à de nombreuses transformations sociales : nouveaux rapports des étudiants à l’université, nouveaux rapports aux savoirs et intrusion du numérique dans la pédagogie universitaire. D’abord méfiants, puis réfractaires, vis-à-vis l’outil numérique, ils adoptaient une posture ataraxique. Michel Serres (2015) n’a-t-il pas annoncé la mort du métier d’enseignant avec l’avènement du numérique ? Arguant que le savoir transmis n’était plus mobilisateur pour les étudiants. Qu’en est-il aujourd’hui avec les environnements numériques ?
La pandémie a-t-elle contribué à leur démystification auprès des enseignants d’université et auprès des étudiants ? Ces derniers, enfermés dans la praticabilité de l’outil, ont senti un manque, un besoin d’accompagnement, de résonance. Ils ont compris la difficulté de passer de l’usage du numérique à l’apprentissage, voire à la connaissance. Ils ont relégitimé la place des enseignants en construisant avec eux une véritable relation aux savoirs.
Face au désarroi des étudiants privés de cours en présentiel, les praticienschercheurs ne se sont pas contentés de devenir de simples utilisateurs des environnements numériques, ils ont saisi cette opportunité pour expérimenter des pédagogies universitaires innovantes en prenant en compte le savoir et la place de l’étudiant. Modifiant de manière concomitante le rapport aux savoirs des apprenants et le rapport à l’enseignement des universitaires. Résistant ainsi à l’instrumentalisation du numérique en instaurant de nouveaux échanges, de nouvelles relations et interactions pédagogiques et humaines.
L’Outil Numérique et le Savoir seront ce qu’en feront les enseignants et les apprenants : un véritable moyen démocratique d’accéder au savoir sous diverses formes, ou une manière d’instrumentaliser et de réduire les connaissances fondamentales.
Conscients de cela, les contributrices et les contributeurs à ce livre optent pour la première solution.
A travers leurs expériences internationales novatrices et réflexives, on s’aperçoit que les environnements numériques peuvent être domestiqués, appréhendés de manière innovante et réflexive sans asservissement, en allant au-delà de la praticabilité, en redonnant à l’éducation sa dimension anthropologique.