Ce livre porte sur les armoiries de femmes des origines au XVIe siècle en France. À travers une vaste étude iconographique, nous sont révélés les sources, les usages et la fonction de l’héraldique féminine. Ces connaissances s’inscrivent dans le courant d’une histoire pérenne des sociétés. Une collecte de données consciencieusement réalisée a permis de constituer un vaste corpus de 1450 armoiries de femmes. Les sources archéologiques et textuelles qui ont été recueillies proviennent de différents inventaires de sceaux français, de cahiers de dessins de tombeaux, de vitraux et de tapisseries de Roger de Gaignières, des armoriaux de Clermont en Beauvaisis et Le Breton ainsi que de traités de blason dont celui de Jérôme de Bara (1581). C’est à la suite de l’examen des sources qu’une analyse de l’utilisation des armoiries de femmes au Moyen Âge a été effectuée. Le corpus démontre qu’il existe une seule héraldique dont font usage l’homme et la femme. Les éléments héraldiques utilisés sont donc usuels. Dans la pratique – contrairement aux armoiries imaginaires tirées des traités des hérauts d’armes – les règles de codification héraldique sont les mêmes, peu importe le genre. Leur fonction est administrative, sociale et juridique. L’héraldique sert d’ornements et surtout de mémoire. D’où elles naissent au XIIe siècle, les armoiries sur les champs de bataille avaient la fonction de rendre reconnaissable le combattant. Pour la femme, la nécessité de se désigner dans la sphère sociojuridique est l’objectif de celle qui porte les armoiries et de la société médiévale qui met en place ce système référentiel. À la manière d’une écriture, les armoiries écrivent l’identité de la femme et des groupes de parenté qui lui sont affiliés. L’héraldique nous donne un extraordinaire accès aux symboles qui servent à identifier la femme.